Axel Roumy

Hautes études à Paris, gérant d’un food truck, majordome, photographe aux quatre coins du monde… Cet Orléanais semble avoir déjà avoir vécu mille vies. Il n’a pourtant que 30 ans« J’ai toujours su depuis tout petit que j’étais créatif. » Pourtant, ce n’est pas dans une école d’art mais en prépa HEC, à Paris, qu’Axel Roumy entame son parcours, après un Bac section bilingue et grec ancien au lycée Saint-Charles. Durant cette période, l’Orléanais, bon élève, vit quelque chose « d’humainement incroyable. J’ai rencontré mes meilleurs amis avec qui je suis encore en contact régulièrement ». Mais il travaille de 8 h à 21 h : « C’était très dur, et plus ça allait, plus je me disais que ce n’était pas pour moi. » Attiré par la photographie depuis plusieurs années, Axel Roumy décide alors d’envoyer des messages à trois photographes de mode après un an de prépa : « Seulement l’un d’entre eux m’a répondu, Jean-Daniel Lorieux. » 

Malgré sa réputation internationale, celui-ci va prendre le jeune homme sous son aile et va devenir pour l’Orléanais « un père spirituel ». Commence alors pour Axel Roumy une expérience d’assistant photographe de mode auprès de celui qui a collaboré avec Andy Warhol. « Je faisais tout de A à Z : le café, les mails… Puis les prises de contact avec les mannequins, les réservations d’hôtel, la gestion des clients, les retouches photos, la création des décors, l’organisation des shootings et des voyages », raconte-t-il. Ses lieux de travail : l’île Maurice, Monaco, les Maldives ou les îles Caïman. Ses rencontres : Albert de Monaco, Carla Bruni, Catherine Deneuve ou Isabelle Adjani… Comme journée de boulot, on a vu pire… Apprenti photographe l’après-midi, Axel Roumy est également majordome pendant près de deux ans, les matin et soir, chez une famille habitant le 7e arrondissement de Paris. De lui dépendent un cuisinier, une blanchisseuse, une repasseuse et une femme de ménage : « j’ai toujours aimé le service, je suis quelqu’un de l’événementiel, j’adore organiser », explique-t-il. Jamais à court d’idées, le jeune homme va également tenir avec un ami un food truck proposant des produits grecs : des souvlakis, composés de pain pita, de viande et de sauce salade, le tout fait maison. Après plusieurs années passées aux côtés de Jean-Daniel Lorieux, Axel Roumy est devenu aujourd’hui un photographe d’extérieur : « Je ne fais pas de studio car je m’y sens oppressé, ça ne m’intéresse pas. Je fais des choses vivantes. » Depuis le début de la pandémie, il est revenu à Orléans et a désormais, près de la gare, son propre atelier de création baptisé L’Atelier des Rêves. Car des rêves, il en a plein la tête. « J’ai essayé pas mal de choses, et je sais ce que je suis aujourd’hui : un créateur, mais sans le côté pompeux du terme. J’aime créer à partir de rien. » C’est pourquoi, lorsqu’il attend le train et l’avion ou lors de ses nombreux trajets sur la ligne Paris-Orléans, il a toujours sur lui un petit carnet de papier, des aquarelles et des feutres noirs. Inspiré notamment par la thématique du voyage et la culture hellénique, il cite deux modèles qu’il affectionne particulièrement : le peintre expressionniste Bernard Buffet et le cubiste Fernand Léger. Vous l’aurez compris, l’art de l’ancien majordome ne s’arrête pas à la photographie. En 2019, à l’occasion de la Foire d’art contemporain à Bâle, en Suisse, il a présenté son travail intitulé L’Envol d’Angelo, une installation multisensorielle immersive de neuf tableaux inspirés du mythe d’Icare. Chaque esquisse avait une structure parfumée avec une fragrance qu’il avait lui-même composée, ainsi qu’une musique que l’on pouvait écouter en boucle. Un art qui fait appel à notre sensibilité la plus totale, tandis qu’Axel Roumy s’est donné pour mission de toucher nos cinq sens : « J’ai des problèmes de vue importants, je suis myope et je ne vois rien sans lentilles ou lunettes, précise-t-il. La vie n’est pas concentrée sur le visuel, mais sur l’intuition. » Qu’on aime ou pas ce qu’il propose, il n’en a cure. L’intérêt dans ses œuvres réside « dans ce que l’on ressent, dans le partage. C’est là où ça vaut le coup de faire ce métier ».

Comme un ballet

Actuellement, l’Orléanais a délaissé son appareil photo et ses pinceaux pour s’emparer de la plume et écrire… un ballet ! Fan d’opéra et ayant commencé à suivre des cours de danse classique depuis plusieurs mois, il s’est entouré du compositeur Ponte Safara pour composer les neuf morceaux. « J’ai choisi le théâtre pour amener du rêve sur scène et le rendre réel pour continuer à rêver », avance-t-il. Autre projet futur : la création d’un jeu de cartes divinatoires ! Et pour définitivement prouver que son inspiration n’a pas de limite, on laisse à Axel Roumy le soin de cette conclusion bien sentie : « Je serai toujours là où on ne m’attend pas. » 

Hugo de Tullio